• silence coupable

    Silences coupables…

                Voici une œuvre, celle de Moïse Karim.

                Moïse Karim, j’ai ri, et sur un ton de plaisanterie j’ai demandé si ce n’est pas le Moïse qui a conduit le peuple Hébreu de l’Égypte ; si ce n’est pas le sauveur du peuple Hébreu de la servitude égyptienne. Et nous avons ri. Et pourtant Moïse Karim est notre Moïse des temps modernes. Il nous libère de nos servitudes, de nos « silences » qui sont « coupables ». De son bâton « Silences coupables », il prend la tête du peuple en marche pour dire ce qu’il sait en invitant les autres à faire de même. Il guide le peuple Ivoirien, et à travers lui l’humanité. Pourquoi Silences coupables ?

    Composé d’un nom pluriel (Silences) et d’un adjectif qualificatif (coupables) et suivi de points de suspension, le titre de son œuvre nous a interpellés. C’est pourquoi nous avons décidé de partager ce que nous savons, car nous taire deviendra pour nous des « Silences coupables » interminables.

                Silence, c’est l’absence de bruit ; c’est aussi le fait de se taire, de ne pas parler (de ne pas s’exprimer). Nous pouvons dire que « silence », c’est garder ce qu’on sait dans le cœur et s’abstenir de le dire quel que soit le prix à payer. Mieux, c’est mettre une « croix » aux choses sues et ne plus en parler, mettre un terme définitif, réduire au néant… N’est-ce pas notre refus de dire ce que nous savons qui est coupable ?

    L’adjectif « coupable » désigne une personne qui a commis une faute, un crime…On dit aussi des sentiments, des pensées qu’ils sont coupables, parce que condamnables ; or on condamne celui ou celle qui a commis une faute. Le fait de ne point s’exprimer est considéré comme une faute, donc condamnable. Que dit le titre de l’œuvre de Moïse Karim ?

    Lorsque nous prenons l’écriture de « Silences », nous constatons qu’au lieu de « i » nous avons une croix. La croix est le symbole de l’affliction, du calvaire, de l’épreuve, du tourment. Si vous voulez la croix est le gibet fait d'un poteau coupé par une traverse et sur lequel on attachait des condamnés pour les faire mourir. Le titre de l’œuvre sous-entend que le fait de se taire est comme une sorte de fautes, de calvaire pour nous et pour les autres, que nous devons crucifier à la croix pour notre salut. Quant à l’écriture de « coupables », nous avons un cœur au lieu de « o » pour dire que les silences dont il est question sont les silences de notre cœur. Or le cœur est l’organe vital de l’homme, le siège des sentiments. C’est dans le cœur que tout homme prémédite et médite, enfouit ses peines, sa joie… Le fait de refuser le cœur d’exprimer ses sentiments est d’un lourd fardeau à supporter. Le refus de s’exprimer, de s’ouvrir (car silence, c’est aussi isolement, enfermement) est un crime condamnable, voire un péché. Et ce péché nous devons le porter à la croix, d’où la grande croix séparant « silences » et « coupables ». Nous taire, c’est donc mettre des obstacles à notre épanouissement, à notre éclosion intellectuelle et spirituelle. Insistons sur « l’éclosion spirituelle », car Moïse Karim est un prêtre.

                Il oriente ses nouvelles vers l’éclosion spirituelle des hommes, d’où les points de suspension, pour dire une continuité (vers). Ce n’est pas fortuit si nous avons employé « éclosion ». En effet, de la couleur dominante (marron) nous avons un jaune orangé comme le jaune d’œuf. Ce jaune orangé peut être interprété comme une lumière surgissant de l’obscurité pour éclairer (l’aurore) …Assez de symboles se dégageant de la première page de couverture. Ici retenons que le jaune orangé est le jaune d’œuf pour insister sur la re-naissance, l’éclosion. Car c’est le jaune d’œuf qui porte les germes de l’embryon du fœtus, de la naissance. En déposant nos « silences coupables » au pied de la croix « chrétienne » c’est accepter de ré-naitre, accepter l’éclosion spirituelle, car « la croix est la vraie épreuve de la foi, le vrai fondement de l'espérance, le parfait épurement de la charité, en un mot le chemin du ciel; Jésus-Christ est mort à la croix, il a porté sa croix toute sa vie; c'est à la croix qu'il veut qu'on le suive, et il met la vie éternelle à ce prix (…) »[1]. Ne taisons pas nos sentiments devant la croix qui porte nos souffrances, car le faire c’est être donc des coupables.

    BONNE LECTURE !

     

    BOUATENIN Adou

    Un lecteur-critique



    [1] Bossuet, Discours sur l'Histoire universelle, ii, 19


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